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Episode 5 : L'assemblée des résidents

L’immeuble de la place Chirac a décidé il y a quatre ans de cela d’instaurer un roulement sur les postes à responsabilité qui organisent la vie des habitant.e.s. Tous les 2 ans, une reunion a lieu pour redéfinir les rôles. C’est donc la deuxième fois que le groupe se réunit à cette occasion. Laurent était passé voir tout le monde en début de semaine pour s’assurer que le rendez vous était bien noté et accepté.

Pour faciliter les choses, la date choisie est celle du repas des voisins qui  a lieu le soir  même. La reunion est prévue une heure avant, afin de célébrer les nouvelles fonctions de chacun.e lors du repas qui allait suivre. Le groupe se retrouve donc vers 18h00 sur la placette devant l’immeuble avec les enfants qui sont aussi très curieux de savoir quelles seront leurs nouvelles responsabilités. Un orage vient de déverser un peu d’eau sur la ville sans faire de dégâts. Le rafraichissement qu’il apporte accompagné d’odeurs de terre mouillée est très apprécié. Heureusement la météo s’annonce clémente pour le repas qui va suivre en soirée.

Laurent prend la parole en rappelant les rôles actuels. Sacha et Anna qui viennent d’arriver ne sont pas encore complètement familiarisées avec ce système. Elles ne savaient pas que Bruno et Eddy qu’elles ont remplacés étaient responsables respectivement des espaces de jeu pour les enfants et de la gestion des déchets. Laurent était responsable de l’entretien du bâtiment et Christine de la tenue du garde manger et des consignes. Marion était en charge des espaces cultivés et Amin du parc à vélos ainsi que des espaces de circulation. Marion poursuit la discussion en expliquant qu’elle voudrait s’occuper d’autre  chose que des espaces cultivés pour diversifier un peu plus ses activités. En effet, son métier d’agronome la confronte tous les jours aux problématiques de la culture en milieu aride. Les jardins de la résidence lui offrent la possibilité de mettre en pratique son savoir mais elle a visiblement envie de changer de responsabilité au sein de la résidence. Elle propose de s’occuper maintenant des espaces de jeu pour les enfants. Elle a déjà plein d’idées en tête et elle fourmille d’impatience de les tester. Rose, toujours en forme du haut de ses 90 ans et Marcel s’occupent jusqu’ici de la ventilation de la serre sur le toit en ouvrant et fermant les ouvertures au gré de la météo. Elle et il n’ont pas vraiment envie de changer car leur grand âge a tout de même affaibli leurs forces. Christine se met vite d’accord avec Amine pour échanger leurs rôles. Sacha se voit bien responsable de l’entretien du bâtiment et Laurent a en tête depuis quelques jours de s’occuper   du parc à vélos ainsi que des espaces de circulation. Anna n’a encore rien dit qu’elle se voit de facto proposer la gestion des espaces cultivés. Elle n’a pas envie de revenir sur les dispositions qui sont en train de prendre forme pour faciliter son intégration au groupe qui lui tient beaucoup à coeur. Néanmoins, personne ne prend en compte son experience dans la gestion des déchets et ça la déçoit un peu. Surtout, elle ne s’est jamais vraiment intéressée au jardinage et encore moins à la gestion d’un espace partagé. C’est donc avec un sourire de façade qu’elle accepte son nouveau rôle sans que les autres membres du groupe ne décèlent sa gêne. Et les enfants dans tout ça ? Ils peuvent être un pool de main d'oeuvre en fonction de leurs dispos.

Tout le monde rejoint ses appartements avec entrain dans la moiteur de cette fin d’orage pour se préparer au repas qui va suivre.

Le repas de la résidence

Quelques tables sont déjà sur la place centrale. Les habitant.e.s du bâtiment central sont en avance car ils et elles doivent coordonner la logistique du repas qui va réunir la trentaine de personnes qui habitent la place Chirac. Chaque immeuble doit apporter deux tables, ses assiettes et ses verres. La vaisselle est celle de tous les jours mais les plats font l’objet d’une créativité débordante pour l’occasion. Chaque foyer se démène pour trouver une recette originale qui permet d’accommoder les fruits et légumes de saison, parfois avec un peu de viande ou de poisson seulement lorsqu’un abattage a lieu peu de temps avant dans un des élevages extensifs de la commune.

Tout le monde évite d’utiliser des produits non Bio. C’était un principe dès les premiers repas de la résidence et ce principe est devenu une évidence depuis que la loi oblige de mentionner systématiquement l’utilisation de certains pesticides ou engrains chimiques au cours de repas au restaurant ou même entre amis.

Christine et tou.te.s les autres habitant.e.s de sa résidence poussent la porte du rez de chaussée et crient : « Attention les meilleurs plats arrivent ! », ce qui amorce l’animation de la soirée. Mouss qui est arrivé le premier pour l’installation lui répond : « C’est pas trop tôt, ça fait une heure que l’on renifle vos plats et nous avons bien envie de les goûter ! ». Tous les plats vont de toute façon faire le tour des tables, chacun choisissant selon ses envies.

Puis c’est au tour du troisième bâtiment de rejoindre la place centrale, le repas peut commencer.

Il s’agit principalement de partager un bon moment en échangeant sur les dernières nouvelles de la commune, en prenant des nouvelles des familles et en plaisant très souvent sur les adaptations pas toujours réussies que chacun et chacune a dû mettre en place pour améliorer encore un peu leur empreinte écologique. Comme tout le monde sait très bien qu’il n’y a pas d’autre alternative pour que les prochaines générations vivent en paix, ces adaptations ne sont pas considérées comme des contraintes mais comme une nouvelle façon de vivre plus sereinement.

Les colocataires du premier immeuble s’en donnent aussi à cœur joie pour trinquer à leurs nouvelles responsabilités : Sasha trinque avec Rose la nonagénaire et doyenne de la place Chirac avec un kéfir de fruit parfumé à la framboise très rafraîchissant.

Au cours du repas, Laurent s'émeut de la chance qu'ont les habitant.e.s de ce quartier. Stéphane, ex collègue de travail chez Airbus et résidant dans la zone du Casque lui a avoué que la situation devenait difficile de leur côté. Les habitant.e.s du quartier n'ont en effet pas réussi à faire converger leurs efforts pour s'organiser face à la sécheresse et aux restrictions d'eau. Sasha reconnaît alors qu'il s'agit du père de Mélissa, une de ses meilleures amies qui a rejoint Cugnaux il y a quelques années pour se rapprocher de ses parents. La situation décrite par Laurent zone du casque confirme la mauvaise impression qui l'a inquiétée en arrivant le jour de son déménagement. Toute la tablée se met alors à échanger sur les problèmes de leurs voisins de l'autre côté de Francazal. Après un petit quart d'heure, tout le monde est d'accord pour leur venir en aide. Sasha propose donc de recontacter Mélissa et son père avec Laurent afin de mieux cerner les problèmes du quartier et essayer de trouver des solutions. Amine commence alors à fredonner "Les copains d'abord" de G.Brassens dans sa barbe pour marquer le coup et tout.e.s les participant.e.s au repas finissent par le suivre pour finir la chanson en chœur.

Les derniers convives se coucheront très tard, la fraîcheur du soir et la saveur des plats et des boissons préparés leur faisant repousser toujours un peu plus l’heure du coucher.

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