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Episode 2 : Visite de l'immeuble

Commence enfin la visite de leur nouvel environnement. Elles avaient cherché un logement à proximité de leur futurs travails, bien sûr. En 2040, plus question de perdre quotidiennement des heures dans les transports et encore moins en voiture. Anna s’était engagée avec la déchetterie de Cugnaux, située en périphérie et Sasha, sage-femme, avait signé un contrat avec le relais social de la ville et se devait d’habiter une position centrale pour pouvoir se rendre partout dans la ville. Mais ce qu’elles voulaient surtout, dans leur future vie, c’était retrouver une communauté avec une vie sociale riche et des objectifs communs dans un logement où les contraintes liées à l’économie des ressources sont parfaitement intégrées et gérées au plus simple.C’est par Christine et Laurent, contacts listés dans les registres de la ville, qu’elles avaient pu avoir, par téléphone, toutes les informations nécessaires à les convaincre de choisir ce bâtiment 3 de la place Chirac.

Elles commencèrent la visite par leurs propres appartements, assez standards, constitués d’un petit salon central avec un accès sur un balcon orienté au nord-ouest, 2 chambres et une salle de bain munie d’une douche et d’un lavabo et des toilettes sèches. Un système de séparation des urines et des autres matières est maintenant adopté très largement dans beaucoup de pays. Cela permet de valoriser ces déchets autrefois maltraités en engrais à forte valeur nutritionnelle.

 

Christine, qui avait rendez-vous avec le gérant de l’épicerie centrale au sujet d’un conflit dans la gestion des consignes, s'éclipsa et Anna, Sasha et Gérault continuèrent la visite avec Laurent. Dans l’escalier qui montait à la serre, le groupe croisa Marion et Kayla. Laurent fit les présentations : “Voici ma fille Marion et ma petite-fille Kayla. Tape m’en cinq ma chérie” Kayla, souffla discrètement en haussant les sourcils et tapa dans la main de son grand-père.”Je vous présente Anna, Sasha et Gérault”, reprit-il, “Nos nouveaux colocataires”. Marion s’excusa alors “Nous ne restons pas, nous voulions aller jusqu’au bois de Maurens pour pique-niquer et passer l’après-midi, et il fait déjà chaud. Mais on se verra sûrement ce soir, pour le dîner".

Tout en continuant à monter les marches, Anna confia son admiration à Laurent : “Je trouve ça génial que vous arriviez à cohabiter au quotidien avec vos enfants, vous avez l’air de bien vous entendre”. En effet, une des raisons qui avaient poussées Anna et Sasha à partir de Bordeaux était de se rapprocher de leurs familles respectives de manière à pouvoir aller les voir en vélo avec moins d’une journée de voyage. “Oh, vous savez, répondit Laurent, tout le monde fait des concessions, ce n’est pas tout rose et il y a des frictions mais c’est vrai que nous avons la chance de pouvoir nous voir quand nous voulons.”  

Arrivé.e.s en haut de l’escalier, Anna et Sasha découvrirent la fameuse serre. Ce n’est pas cet espace qui les avait attiré.e.s dans cette résidence, elles n’ont pas spécialement la passion des plantes, mais elles savaient que c’était un atout et qu’avec l’aide de leurs voisins, elles découvriraient peut-être si ce n’est une nouvelle passion, au moins une occupation agréable et utile. Cet étalage de plantes faisait penser aux anciens grands supermarchés de plantes : les pots de toutes les tailles et les bacs en bois (me souviens plus du nom ! pour y mettre des fraises par exemple) étaient tous alignés sur plusieurs rangées plus ou moins serrées. Sur les murs, des palettes servaient de support muraux aux plantes grimpantes. Tandis que Laurent les attendait à l’entrée, Sasha, Anna et Gérault firent un tour au milieu des tomates odorantes, des courgettes rabougries (c’est la fin de la saison, non ?), et des aubergines pesantes. Au fond, ils.elles trouvèrent un récupérateur d’eau de quelques centaines de litres, lui-même envahi de lierre et un compost de taille moyenne (lombri compost ?). Se trouvait aussi une petite étagère métallique accueillant tous les petits accessoires utiles à l’entretien de ce jardin en toiture.

Etant donné la chaleur montante, l’envie de s’attarder dans la serre ne dura pas et tout le monde redescendit vers le rez-de-chaussée.

 

Dans le couloir de l’entrée, Laurent indique la “bulle extra-connectée”, comme il aime l’appeler, où sont mis à disposition des colocataires un téléphone fixe et un ordinateur avec son écran. Chacun y a un accès libre avec un espace mémoire personnel et la gestion des logiciels et maintien en conditions opératoires sont gérés à l’échelle de la place par un référent désigné.tous les deux comme un certains nombre d’autres rôles communautaires.  Laurent fit ensuite entrer tout le monde dans la cuisine commune qui n’est pas très grande et tandis que Gérault commençait à deviser tout haut, il présenta les différents appareils disponibles pour préparer leurs repas : des plaques de cuisson dont on n’a pas encore réussi à se passer l’hiver lorsque la météo de ne permet pas d’utiliser le four solaire. Mais pour en limiter l’utilisation prolongée, à côté se trouve une cocotte norvégienne dans laquelle la cuisson peut se poursuivre sans apport d’énergie. Ce matériel est à réserver en notant son nom sur le créneau disponible de son choix sur le planning accroché à la porte de la cuisine, à côté du planning de nettoyage de la cuisine et de la salle à manger. Laurent en profite pour expliquer qu’en cas de surplus de production « généralisé », une cuve à stériliser fonctionnant aussi à l’électricité est disponible dans le bâtiment d’à côté et que son utilisation est aussi à planifier entre autres pour mutualiser les temps de stérilisation si besoin, en utilisant le planning accroché dans la cuisine de cet autre bâtiment. Enfin, de l’autre côté de la table d’office, à côté de l’évier, au-dessus duquel on trouve les produits d’entretien hors de portée des petits monstres de l’acabit du petit orateur, et sous lequel on trouve le bac de tri et le bac de compostage, Laurent indique les placards à vaisselles. Dernier élément non sans importance de la cuisine, l’accès au garde-manger ! Mais Laurent propose d’abord de jeter un coup d’œil rapide à la salle à manger, sa longue table de monastère et sa bibliothèque. C’est ce dernier point qui interpelle le couple de ferventes lectrices. Laurent n’est donc pas avare d’explications sur le renouvèlement mensuel des livres par la médiathèque municipale grâce à une gestion sans faille du roulement des livres à l’échelle de la ville par l’association « Livres pour tous » (ou je ne sais quel autre nom !!). Une fois que les filles eurent quasiment fini de lire tous les titres et résumés, alors que Laurent s’assoupissait, accoudé à la longue table rustique, Gérault décréta qu’il était temps de changer d’environnement et le fit savoir en babillant sur un ton plus fort et plus agressif qu’à son habitude.

 

Laurent, sorti de sa rêverie, décide de précéder la famille dans la descente au sous-sol, pour indiquer l’éclairage. En arrivant en bas de l’escalier, Anna, Sasha et Gerault qui se libère des bras de sa maman, découvrent une pièce assez longue munie de cloisons et de rayonnages dépareillés en matériaux de récupération. Dans le garde-manger, les placards à provisions sont répartis entre les différents logements. Chacun dispose d’un mètre de rayonnage du plafond jusqu’au sol. Chaque section est organisée de manière identique : Tout en haut, deux étagères pour les conserves et aliments secs non périssables, en dessous deux tiroirs au fond aéré pour les aliments à tenir au frais puis deux autres tiroirs pour les aliments à tenir au frais et à l’abri de la lumière. Gérault ne se prive pas d’improviser une démonstration du bon fonctionnement des roulettes qui permettent aux tiroirs de glisser sans heurt. Laurent se permet de rappeler que les tiroirs sont doublés pour pouvoir séparer les fruits et légumes provoquant un vieillissement plus rapide de leurs voisins comme les pommes.

 

Les récoltes de fruits et légumes de la résidence sont réparties systématiquement entre tous les tiroirs du garde-manger exception faite pour les logements qui ont annoncé une absence de plus de 3 jours. Et un rayonnage supplémentaire mais de taille moindre est à disposition pour ranger les aliments mis à disposition de la communauté pour cause de péremption imminente par exemple.

 

Au fond de cette pièce, à côté de l’unique réfrigérateur visible et branché uniquement quand les températures extérieures dépassent les 25 degrés plusieurs jours de suite (à préciser ?), Laurent montre une porte menant à l’ancien parking. Toute la surface bétonnée a été réaffectée à la culture de champignons et d’endives (c’est possible ça ?) pour la partie la plus éloignée des accès extérieurs et au garage à vélos et carioles pour la partie la plus proche de la rampe d’accès situé entre ce bâtiment et celui d’à côté. Laurent propose de remonter par le garage à vélos, ce qui permettra de visiter l’atelier de réparation qui est commun aux trois bâtiments de la place Chirac et qui se situe juste à côté de la sortie de parking. Cet atelier est assez rudimentaire et ne sert qu’aux dépannages simples de vélos mais aussi de tout autre appareil. La petite pièce est munie d’un petit établi garni d’outils de base tels que scies, marteaux et tournevis et d’une réserve des clous et vis les plus usités. Gérault, à qui aucune potentielle bêtise n’échappe, déniche un vieux clou rouillé et le porte à sa bouche. C’est ce moment que choisissent Anna et Sasha pour réclamer la visite pas si anticipée que ça de l’aire de jeux pour permettre à Gérault de se dégourdir les jambes. L’aire de jeux est à disposition de tous les bâtiments de la place Chirac mais, du fait de sa proximité, est rattaché, en terme de gestion, au bâtiment d’Anna et Sasha.

Tout en se régalant des divagations et errances de Gérault entre la cabane en bois et le tourniquet en plastique recyclé, les grandes personnes discutent chiffons et Laurent termine la visite en parlant de la laverie, située dans le bâtiment le plus éloigné de la place Chirac. 5 machines à laver sont à disposition dont deux sont débrayables et branchables sur des vieux pédaliers de vélos avec remplissage manuel de la cuve. Ces deux machines ont été repensées et adaptées il y a quelques années suite à une panne généralisée d’électricité qui a duré cinq jours. Mais si on veut faire du sport en surplace et à l’abri, on peut passer ces deux machines en mode manuel à n’importe quel moment. Là encore, il y a un planning sur lequel s’inscrire pour pouvoir utiliser les machines. Le séchage du linge est géré indépendamment par chaque bâtiment. Anna et Sasha, pour leur part, auront à disposition deux étendoirs à fenêtre et trois étendoirs pliants en bois et cordes. Par beau temps et si la place est libre, il a aussi trois longues cordes tendues entre le bâtiment et le noisetier situé en face du gymnase.

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